La statue animée : histoire italienne
– Je me suis épanouie comme une fleur avec toi, je t’assure, moi qui étais si introvertie avant ! Certes, je ressens beaucoup de douleur mais tu oublies l’essentiel ; en proportion, je reçois plus de bonheur que de malheur ! Avec toi, j’ai pris conscience du non-sens de ma vie passée, je ne reviendrai pas en arrière !
Il recula d’un pas tant il fut surpris ou affolé par mon effusion de paroles et par mon attitude qu’il jugea certainement excessive. Je repris mon souffle pendant qu’il me répondit de sa voix suave :
– Tu as fait ton choix, il est vain que je cherche à te faire changer d’avis. Je sais que tu es consciente de l’impact que tes sentiments ont sur toi et je sais comment fonctionne l’amour. Cependant, il devrait y avoir des limites dans la souffrance que tu t’infliges, tu ne crois pas ? Les somnifères peuvent avoir des effets indésirables très néfastes. J’ai lu rapidement la notice de ton médicament la dernière fois. Regarde, tu n’as jamais réagi avec autant de démesure avant et l’irritabilité fait partie des effets secondaires.
Hors de moi, je l’interrompis :
– Alors c’est pour ça que tu as lu les effets secondaires de cette stupide notice que personne ne lit ? Pour chercher des excuses pour que j’abandonne ? Ce n’est pas un de ces maudits effets indésirables, c’est que tu m’as blessée profondément et tu viens d’en rajouter une couche ! Tu es énervant !
Il resta de marbre, ce qui intensifia encore plus mon agacement :
– En plus, tu ne réponds rien ? Tu ne t’excuses même pas ? Tu es là, debout devant moi, les bras ballants comme un empoté, tu restes de marbre comme la statue que tu es !
Ses yeux s’embuèrent de larmes qui inondèrent son si beau visage. Il s’assit, visiblement abattu, le regard dans le vide puis répliqua tristement :
– Oui, je suis une statue, tu as raison mais je suis également vivant, je ressens les émotions. Tu es allée trop loin. Je n’ai rien dit car au vu de ton état actuel, il n’y a pas moyen d’argumenter avec toi.
Ma colère s’évanouit dans la seconde. Je m’assis à ses côtés. Je regrettais mes dures paroles :
– Je suis désolée, je me suis laissé emporter. Tu sais bien que tu représentes bien plus qu’une statue pour moi et que je suis profondément éprise de toi. Sinon, je ne prendrais pas la décision d’augmenter ma dose de somnifères alors que je sais pertinemment que cela me nuira sans doute. N’en discutons plus.