Statue blanche dans un musée de MichelAngelo

La statue animée : histoire italienne

Il y en avait désormais quatre. Je me demandais ce que cela signifiait. Je tentais d’y réfléchir. J’avais l’impression que mon rêve de la nuit du dix août prenait vie petit à petit. Les roses signifiaient-elles que mon amour allait continuer de grandir de jour en jour ? Comment était-il possible que des fleurs puissent pousser sans l’intervention d’un tiers et si rapidement ? Tout cela m’avait l’air de dépasser toute réalité raisonnable. Étais-je devenue folle ? Si ce n’était pas le cas, vers où je me dirigeais ? Vers quoi ? Je ne contrôlais rien, que ce soit la poussée miraculeuse des roses ou mes émotions et mes sentiments. Je savais simplement que je tombais de plus en plus profondément en amour pour ma création, ce qui était complètement invraisemblable ! La dernière fois que cela était arrivé à quelqu’un, c’était dans un mythe², on ne savait même pas si cela s’était réellement produit ! J’étais donc visiblement la seule à développer des sentiments amoureux envers mon œuvre mais tout allait bien ! Bien que consciente de l’incohérence de cette situation, je me laissais envahir de plus en plus par l’amour que je lui portais. Ce sentiment devint si puissant et le vide de son absence si pesant que je décidais un jour d’aller acheter des somnifères pour le voir davantage. J’étais consciente des risques, j’en fis une utilisation tout à fait raisonnable, du moins au début… Angelo était inquiet que j’utilise cette technique, il avait parfaitement conscience des dangers et craignait que je perde pied un jour. Cependant, quelques mots suffisaient pour le rassurer et il se réjouissait que nos retrouvailles soient moins espacées qu’auparavant.

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Cette situation agréable dura pendant plusieurs mois. J’étais satisfaite et Angelo s’en contentait également. Je n’avais pas envisagé que mon amour devienne si puissant et destructeur. J’avais de plus en plus besoin de la présence de cet être aimé que j’avais créé. J’avais également constaté que l’intensité de ce besoin vital semblait être proportionnelle au nombre de roses rouges qui accroissait de jour en jour de manière vertigineuse. Au début, je m’inquiétais de cela, puis mes sentiments commencèrent à prendre le pas sur ma raison, même si Angelo tenta à maintes reprises de m’alarmer.

Lorsque j’étais encore en possession de toute ma raison, je photographiai Angelo une fois, pendant mon songe, de façon à tenter de pallier le vide laissé par son absence mais à mon réveil, l’image avait totalement disparu de mon appareil, comme si elle n’avait jamais existé. Je ne comprenais pas. Je ne doutais plus de son existence mais comment était-il possible que je ne le voie pas sur mon téléphone ? Cela me fit penser aux spectres. Or, ce n’en était pas un, n’est-ce pas ? Il était tout ce qu’il y avait de plus vivant. Tracassée par la disparition de l’image, je lui demandais des explications. Il éluda facilement ma question en répliquant qu’il était un métissage entre une statue et un humain, qu’il était une créature fantastique et que, de ce fait, il ne pouvait pas apparaître en dehors de mes rêves. J’acceptai avec résignation sa réponse.

2 L’effet Pygmalion

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