La statue animée : histoire italienne
– À l’origine, je ne devais être qu’un objet mais j’ai pris vie grâce à toi. J’étais une graine inerte, vouée à ne jamais germer, que tu as arrosée et fait naître en ce monde grâce à la force de tes sentiments.
Je répondis, animée par un sentiment d’injustice :
– Et on ne peut pas échapper à cette malédiction ? Ce n’est pas parce que tu n’étais pas destiné à vivre que tu ne dois pas avoir une vie comme les autres ! Nous nous sommes trouvés alors pourquoi nous priver d’avoir une histoire d’amour comme les autres terriens ?
Mes nombreuses questions et le ton que j’avais pris trahirent mon état émotionnel. J’étais en proie à une vive douleur. Il me prit les mains pour me canaliser :
– Nous ne pouvons rien y faire. C’est dans l’ordre des choses. Tu oublies que je ne suis pas complètement humain, je ne suis donc pas comme les autres. Je suis forcé de m’en tenir à ma nature inanimée quand tu es éveillée car je vis dans un entre-deux. Je suis à la fois un être vivant et un objet.
J’inspirai profondément en puisant en moi des ondes positives puis mes nerfs se calmèrent progressivement. Je repris la parole et cette fois, ma voix fut empreinte de douceur :
– N’y pensons plus, l’essentiel est que nous nous sommes trouvés. Ne pas pouvoir se fréquenter la journée rendra nos moments ensemble encore plus précieux. Nous profiterons mieux de nos retrouvailles nocturnes.
Il était dans mon tempérament de chercher du positif partout. Le visage de mon compagnon crépusculaire s’illumina de joie et je fus éblouie comme si ce fut le soleil que je vis. Je fus obligée de détourner le regard pendant un instant. Je me demandai si j’avais halluciné. Il était impossible que mes yeux soient gênés à ce point. C’était comme si j’avais vu une lumière très forte émanant de lui. Ce n’était autre que sa beauté désarmante qui avait produit cet effet sur moi, ce que je trouvais surréaliste. Je doutais pendant un instant de la véracité de ce que je vivais. Je me demandais si tout cela n’était pas qu’un rêve dont je me réveillerais bientôt mais si tel était le cas, je souhaitais rester dans la belle illusion de ce songe. Ne me posant pas plus de questions, je fis le vœu que mon bonheur perdure et je restais dans ses bras, épanouie jusqu’à mon réveil. Lorsque je m’éveillai, j’étais à l’endroit dans lequel Angelo m’avait emmenée. Je soupirai de soulagement ; il existait bel et bien.
Au petit matin, je sortis dans le jardin admirer celui dont la vue était si agréable. Je fus encore surprise car je découvris que d’autres rosiers étaient apparus.