La statue animée : histoire italienne

Je tentai de le retenir mais il s’éloignait déjà. Il enleva son vêtement de dos pour respecter ma volonté et ce ne fut qu’une fois la fenêtre franchie qu’il se retourna et son profond regard émeraude me réveilla tant il me troubla. Je me précipitai jusqu’à la chaise et sentis le sous-vêtement : l’odeur était la même que celle de son enveloppe corporelle. Je fis un bond en arrière, frappée de stupeur et d’émotion. Comment cela était-il possible ? Comment cette statue pouvait-elle devenir humaine pendant mon sommeil ?

Un petit tour dans mon jardin le matin me questionna encore davantage. Je souhaitais contempler de près l’objet de mon émoi extrême. Il n’y avait rien de nouveau du côté de cela, il était bel et bien sous sa forme inanimée, à sa place. Cependant, je vis autre chose qui me perturba et me rappela le rêve où tout avait commencé. J’aperçus un immense rosier avec de splendides roses rouges, près de la statue. Elles étaient si belles qu’elles paraissaient irréelles. Comment pouvaient-elles se trouver ici ? Je secouai la tête, comme pour me raisonner. Cela était impossible, je n’avais pas planté de graines et même si cela avait été le cas, il n’aurait pas autant grandi en l’espace d’une seule nuit. Je ne comprenais plus rien. J’avais une preuve supplémentaire qu’il se passait quelque chose et que cela avait une portée surnaturelle. Je me demandais pendant un instant si je n’hallucinais pas ou ne rêvais pas. Je touchais les pétales d’une fleur et me pinçais si fort que cette deuxième hypothèse était inconcevable. Quant aux hallucinations, c’était fort peu probable, je n’avais aucun antécédent familial et je ne prenais aucun médicament. Certes, j’étais dotée d’une grande imagination, mais pas au point de projeter de fausses images de la réalité. Il me fallait d’autres preuves pour avoir la certitude que tout ceci était bien réel.

Un soir, je décidai donc de dormir sans couverture ni oreiller au pied de la statue pour voir à mon réveil si j’avais changé de place. Je savais que si toute cette histoire folle était réelle, le jeune homme pour lequel je tombais de plus en plus profondément en amour me ramènerait dans ma chambre. Ce fut le cas ; dans mon rêve, il se penchait sur moi en me demandant :

– Que fais-tu ici ? Tu essaies de vérifier si tout est vrai, n’est-ce pas ?

Je hochai la tête en guise de réponse. Il m’adressa un sourire affligé et attendri :

– Eh bien, tu vas avoir une preuve supplémentaire mais, s’il te plaît, ne te mets pas en danger pour vérifier si je suis réel. C’est tout ce que je te demande.

Je lui pris la main :

– Oui, c’est promis.