Embrasser la Vie
Alors que j’étais dans mes pensées et que je déambulais, un papillon effleura délicatement mes lèvres. Je sentis une liqueur envahir ma bouche. J’eus le vertige, ma vision devint flou et puis plus rien.
Lorsque je rouvris les yeux, j’avais changé d’endroit. La bordure vaguement boisée de l’asphalte avait disparu au profit d’une forêt dense. Je m’assieds, sonnée. La nature était luxuriante, pas une seule route à l’horizon. Comment est-ce possible ? Une mésange bleue chantait sur une branche. Elle s’arrêta, m’observa et m’approcha. Son regard oscilla à plusieurs reprises entre moi et le chemin étendu devant nous. Elle commença à prendre cette direction et se retourna. Je me levai et la suivis. Elle volait doucement, comme pour s’assurer que je vienne. Nous finîmes par quitter le sentier. L’oiseau me guida à travers des bosquets et des ronces. Ce passage pénible acheva de m’éveiller. Nous débouchâmes enfin sur une clairière peuplée de hautes fougères.
La mésange retourna se poser sur une branche et entonna un chant enchanteur que je n’avais jamais entendu auparavant. Je l’écoutais, émerveillée. C’est alors qu’au bout de quelques instants, je les vis, les fées. Elles se rapprochaient précautionneusement. La curiosité finit par l’emporter. Elles formèrent une ronde autour de moi et commencèrent à danser. Je les contemplais. Elles étaient ravissantes et fascinantes. Chacune arborait des couleurs différentes, leur sourire était aussi lumineux que le soleil et leurs ailes ressemblaient à celles des papillons. L’une d’elles s’avança vers moi et s’exprima d’une voix aérienne, mais dans laquelle perçait le poids du reproche : « Tu es ici, car tu as oublié de rêver et de t’émerveiller à force de trop penser. » Je répondis : « Mais il n’y a rien à voir où je suis. » « En es-tu sûre ? As-tu regardé les arbres, les insectes, le soleil, le ciel ? » Je secouai la tête, honteuse. « C’est bien ce qu’il me semblait, tu vas réveiller ton âme et y retourner avec un nouveau regard. C’est compris ? » « Oui. », murmurai-je, intimidée par cette petite créature étonnamment autoritaire. La fée sourit : « Très bien. Pour l’instant, profite du spectacle. » Les ailées reprirent leur danse et chantèrent, ou plutôt devrais-je dire, fredonnèrent ; c’était une chanson sans paroles, mais je ressentais la joie innocente qui en émanait. Leurs voix étaient pures, leurs rires, cristallins. Je fermai les yeux, épanouie. Plus tard, l’une des créatures m’offrit du nectar de fleurs en m’indiquant qu’il me ramènerait chez moi. Je pouvais le boire dès que je me sentirais prête. Elle ajouta, un peu inquiète, que je ne devrais pas tarder, car il n’était pas bon pour moi de m’absenter trop longtemps. J’ouvris alors le flacon après les avoir toutes remerciées et je portai le liquide à mes lèvres. Je ressentis les mêmes symptômes qu’avant de rejoindre ce monde.
Je m’éveillai, assise dans l’herbe. J’entendis un chant familier et aperçus une mésange bleue posée sur une branche. Un papillon volait au-dessus d’une fleur. Je vis que le soleil était sur le point de se coucher. Déjà ? Je regardai l’heure : il était 20h, quatre heures s’étaient écoulées ! Je regardai enfin la nature, vraiment. Des arbres de toutes formes se situaient sur ma gauche, tout le long de la route. J’observai leurs feuilles aux multiples nuances de vert, puis écoutai le foisonnement de vie qui peuplait l’herbe. Sans m’en apercevoir, j’avais occulté ce coin paisible à force de cogitations. Après plusieurs minutes de contemplation, je partis, chantonnant à mon tour.
Adeline
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À propos d’Adeline
Je suis écrivaine et capitaine de mon entreprise Plum’Ouvrage.
Passionnée par l’écriture et la lecture depuis ma plus tendre enfance, j’ai créé ce blog pour partager à mon rythme ma plume et mes coups de cœur.